Musique actuelle
Pour le peuple et les musiciens basques, la musique a toujours été affiliée à la vie quotidienne et à l’identité. Ainsi, le vaste concept de Nouvelle musique basque s’emploie tout autant pour désigner les nouveaux chants, les nouvelles chansons et les nouvelles musiques populaires basques. Ce terme générique désigne donc autant les musiques composées par des artistes basques contemporains que les musiques traditionnelles et les musiques du monde reprises par des musiciens basques du moment.
En effet, c’est vers la fin des années 50 sous l’influence d’auteurs comme Nemesio Etxaniz et de groupes à l’image de Soroak que le phénomène Euskal kanta berria se développe. C’est notamment en accompagnant les chants traditionnels de guitare espagnole que commence à voir le jour la tendance qui sera qualifiée plus tard de nouvelle musique basque. C’est Michel Labéguerie, avec son chant Gu Gira Euzkadiko, sorti dans son album de 1963, qui marquera véritablement les débuts du renouveau de la musique basque.
La Nouvelle musique Basque et ses variantes Nord et Sud
Historiquement, la Nouvelle musique basque se développe suite à l’ouverture des frontières en 1980. Les abertzale, ou patriotes basques, influencent particulièrement la musique basque du Sud du pays en faveur de la résistance envers l’oppression franquiste. Des œuvres engagées comme le disque Gogor sorti en Biscaye vers 1968, et duquel est extrait le chant Egun da Santi Mamina, racontent les répressions subies par le peuple. Par la suite, des précurseurs comme Mikel Laboa ont ouvert la voie pour moderniser la musique basque à travers le mouvement Ez dok amairu, composé de Xabier Lete, de Benito Lertxundi, d’Antton Valverde, des frères Artze ou encore de Lurdes Iriondo, en 1965.
Dans le pays basque Nord, les auteurs-interprète comme Manex Pagola, Peio et Pantxoa, Beñat Sarasola, Erramouspé et Berterretxe, Etxamendi et Larralde abordent les mêmes problèmes socioculturels et économiques que le Sud mais gardent les formes musicales traditionnelles, dont le chant a capella, en référence à leurs origines plus rurales. Des femmes comme Maite Idirin contribuent également au renouveau de la musique basque en promouvant la musique du Biscaye à travers ses nombreux concerts.
Renouveau des chants basque et consécration des kantaldis
Les nouveaux chants basques s’identifient aux genres engagés et protestataires internationaux et mettent en valeur les artistes pluridisciplinaires dont notamment des auteurs-interprètes qui sont à la fois poètes et musiciens. Des compositeurs comme Benito Lertxundi commencent alors à prôner le mélange entre chants traditionnels basques et musiques du monde. Ces précurseurs, dont Mikel Laboa, Julen Lekuona, Lourdes Iriondo, sont chargés de remettre à la mode les chants traditionnels en les adaptant aux tendances actuelles. La vague de la Nouvelle chanson basque fait écho aux mouvements de modernisation musicale internationaux qui prévaut dans les années 60, comme le protest song en Amérique, la Nueva cancion en Amérique Latine ainsi que la chanson littéraire en France. L’objectif reste donc avant tout de mettre à jour et de donner de nouvelles valeurs aux paroles, aux messages et aux textes des chants traditionnels.
La première moitié des années 1970 est marquée par un développement conséquent des concerts de chants ou kantaldis au Pays Basque. Ceux-ci interprètent et donnent de nouvelles valeurs aux textes poétiques anciens, comme c’est le cas pour le Contrapas de Bernard Dechepare, ou aux textes contemporains comme ceux de Lizardi ou de Gabriel Aresti. Une tendance nouvelle consistant à traduire des chants étrangers en Euskara, à l’image de Manex Pagola ou de Xabier Lete, apparaît également.
Rallier la promotion de l’euskara et des musiques du monde en Pays Basque
Vers 1975, des chanteurs comme Gontzal Mendibil et Urko commencent à traduire les besoins de reconnaissance et d’affirmation du peuple basque en chanson, notamment en mettant en valeur la langue nationale. C’est notamment lors du concert 24 ordu euskaraz que la nouvelle chanson basque fut considérée comme à son apogée, grâce à des titres comme Txoria txori de Mikel Laboa. Par la suite, des groupes à l’image d’Estitxu, d’Haizea ou d’Oskorri ouvrent peu à peu la voix vers le développement du folk en Pays Basque. D’autres groupes du Nord, comme Guk, vont promouvoir l’association entre théâtre et chansons engagées.
C’est particulièrement en comparant les chansons basques avec leurs versions originales que les chercheurs découvrent comment les artistes ont intégré de nouveaux styles musicaux aux textes traditionnels et de quelles manières ils ont changé les paroles ou les ont tout simplement traduites en Euskara. D’un autre côté, c’est particulièrement l’apparition du rock basque qui va ouvrir la voie à la diversification de style et de genre musical en Pays basque. D’autre part, le phénomène du pop figure aussi parmi les principales raisons pour lesquelles les artistes basques se sont mis au fox-trot, à la rumba, aux tangos ou au cha-cha-cha.
Les influences mondiales de la nouvelle musique Basque
Des chercheurs, notamment dans le milieu de la traduction musicale, découvrent que les grands tubes de la chanson basque sont des réinterprétation et des adaptation d’œuvres internationales comme Gora ta gora d’Oskorri, qui est accompagnée de la musique du compositeur tchèque Jaromir Vajdova, ou la chanson Ekaitza de Benito Lertxundi qui reprenait en fait The Universal Soldier de Buffy Sainte-Marie et les textes des chansons de Mikel Laboa qui sont en réalité écrits par le poète allemand Bertolt Brecht. La démarche artistique de la nouvelle musique basque se situe donc dans un esprit d’appropriation et de transformation selon les réalités politiques et socioculturels du pays.
Les œuvres des plus grands artistes basques ont ainsi été contextualisées dans l’influence de grands musiciens du monde comme Bob Dylan, Georges Brassens, Lluis Llach, Leonard Cohen ou encore Atahualpa Yupanqui. L’avènement de la musique pop accentue aussi fortement le renouveau de la musique basque grâce à la réappropriation d’œuvres cultes comme celles de Cliff Richard, de Gigliola Cinquetti, de Frank et Nancy Sinatra, de Los Impala ou encore de Salomé.
Développement de la Pop Pays Basque
Le développement de la Pop, musique plus commerciale et légère, au Pays Basque s’intègre également à celui de la nouvelle musique basque car de nombreux titres sont traduits des grands titres à succès internationaux. Ces chants se caractérisent notamment par des paroles moins politiques et tournées vers des messages plus superficiels et simplistes comme les sentiments. La tendance Pop Basque valorise la musique et la mélodie au détriment des textes et de la parole.
Les musiciens de Pop basque, appelés yé-yé, bénéficiaient d’une renommée populaire assez importante ce qui en ont fait des ambassadeurs tout désignés pour la promotion de la langue régionale. L’un des auteurs les plus marquants de cette tendance, Nemesio Etxaniz, a traduit de nombreux styles musicaux en basque dont des paso doble, du fox-trot, de la rumba ou encore des tangos. On peut également se référer aux musiciens yé-yé du groupe Ez Dok Amairu qui ont traduit et adapté un nombre considérable de chansons de divertissement, qui leur a valu un succès incomparable à l’Eurovision.